Le PPP : au risque du fiasco
PPP : Partenariat Public Privé. Sur le papier, c’est formidable, puisque la formule permet quand vous n’avez pas un sou vaillant, d’étaler dans le temps le remboursement d’un lourd investissement public… Les promoteurs d’Arena ont fait le choix d’un PPP pour soutenir le projet ARENA, comme ont pu le faire avant eux d’autres collectivités. Le problème, c’est que depuis lors nombre d’entre elles s’en mordent les doigts !
Pourquoi ? En premier lieu parce que, pour obtenir le financement de son projet, la Communauté Urbaine a dû parapher un contrat demeuré secret et taillé sur mesure pour Vinci, un grand du BTP : sur la base d’obligations draconiennes étalées sur 27 années de remboursement ! Ledit Vinci bénéficie en clair d’un marché juteux dans la mesure où se trouvent multipliés par trois les coûts d’aménagement et de gestion d’un équipement culminant à la hauteur de plus de 300 millions d’euros pour 112 annoncés…
Ensuite parce que l’actualité fourmille d’échecs, voire de catastrophes à imputer à des PPP dont les utilisateurs avaient mal jaugé la grande toxicité.
Dans son édition du 27 mars dernier, le journal Le Parisien avait dressé un inventaire non exhaustif des déconvenues éprouvées ici et là par des collectivités ou organismes ayant fait ce choix.
À noter que dans la liste ci-après, il aurait pu ajouter “la boîte à spectacles” (25 000 places) du Grand Stade de la métropole lilloise avec un PPP de 440 millions d’euros conclu avec Eiffage ; également l’Arena de 10 000 places qui ne verra pas le jour à Orléans, le PPP ayant été résilié par la collectivité. Sans oublier le Grand Stade de Le-Mans.
- Centre hospitalier de Corbeil-Essonne (Eiffage), coût du chantier : 344 millions d’euros, coût final : 1,8 milliard d’euros. En résiliant ce contrat, l’établissement économise près de 600 millions d’euros.
- Cité sanitaire Georges Charpak à Saint-Nazaire (Eiffage), coût du chantier : 280 millions d’euros, coût final : 649 millions d’euros, loyer annuel : 20,7 millions d’euros.
- Centre aquatique de Montauban (Vinci), coût du chantier, 25,4 millions d’euros, coût final : 49,5 millions d’euros, loyer annuel : 2 millions d’euros pendant 27 ans.
- Piscine Municipale de Commentry, coût du chantier : 7,2 millions d’euros, coût final : 11,7 millions d’euros. Projet annulé par la Cour Administrative d’Appel de Lyon.
- Cité de l’Océan à Biarritz (Vinci), coût du chantier : 41 millions d’euros, coût final : 62 millions d’euros, loyer annuel : 1,5 million d’euros pendant 30 ans.
- Pentagone français – ministère de la Défense (Bouygues), coût de l’investissement : 745 millions d’euros, coût réel : 3,5 milliards d’euros, loyer annuel : 130 millions d’euros pendant 27 ans.
Les portiques Écotaxe (Ecomouv) auraient dû rapporter chaque année 1,2 milliard d’euros pour un loyer annuel de 220 millions d’euros. On sait que le projet est en place, mais que son exploitation a été reportée. En cas de résiliation du crédit, l’indemnisation du groupe s’élèverait à 800 millions d’euros.
J.S.