Les lasagnes à cheval, révélateurs d’un profond malaise
L’affaire des lasagnes pur bœuf à la viande de cheval aurait pu être simplement anecdotique si en fait elle n’était aussi révélatrice de la profonde dérive en France de la chaîne agroalimentaire. Il est d’ailleurs symptomatique que quasiment au moment où le scandale a éclaté, les autorités autorisaient à nouveau le recours à la culture des OGM et à l’usage des farines animales pour nourrir les poissons d’élevage. À croire que, frappés par la maladie d’Alzheimer, les décideurs avaient oublié qu’il y a une décennie, l’encéphalite spongiforme (ESB) avait décimé des troupeaux entiers et suscité un vent de panique chez les consommateurs !
A-t-on en effet tiré les leçons de ce dernier épisode de malbouffe qui, on le saura peut-être un jour, masque d’autres errements non moins graves liés à la recherche encore et toujours de la rentabilité ? Rien n’est moins sûr.
En effet, on observera qu’au lieu d’adopter les circuits courts qui vont du producteur au consommateur, les fameuses lasagnes frelatées provenaient en partie de viande produite en Roumanie et qui, avant d’arriver dans l’assiette des gastronomes hexagonaux, avait transité par Chypre, les Pays-Bas, si ce n’est la Grande-Bretagne. C’est, paraît-il, la loi du “libre marché” : en multipliant les intermédiaires et les transports de marchandises au long cours, la société libérale a le chic pour renchérir abusivement les produits. Derrière ce trafic se situent il est vrai de grands groupes tenant le haut du pavé et soucieux de rentabilité. Dans le cas présent en France Findus et Spanghero. De fait, ces derniers bénéficient du laxisme ou de la mansuétude des pouvoirs publics qui acceptent que la répression des fraudes ne soit exercée que par très peu d’agents. La presse citait tout dernièrement le cas d’un département du sud où exerçait un seul inspecteur de cette administration ! C’est dire que dans ces conditions les candidats à l’arnaque ont toutes les chances de passer entre les mailles du filet et le consommateur d’être floué.
Comme dans des secteurs autres qu’alimentaires de notre économie, l’autocontrôle opéré par les fabricants n’est ni un gage de traçabilité des produits, ni une assurance pour le consommateur de ramener dans son panier des produits sains et irréprochables. La vigilance est malheureusement toujours de mise.