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Le changement climatique, vu par le GIEC

Rappelons pour mémoire que chaque rapport du GIEC se divise en plusieurs parties. La première la plus importante, parue fin 2013 traitait de la connaissance scientifique du réchauffement et de ses différentes facettes.

Adopté le 31 mars à Yokohama au Japon, ce second volet de 44 pages est intitulé “Changement climatique 2014 : impacts, adaptation et vulnérabilité” et s’appuie sur 12 000 études examinées par plus de 700 scientifiques.

Les grandes lignes du rapport

Les experts du GIEC nous disent que le réchauffement a déjà eu au cours des dernières décennies des impacts sur les systèmes naturels et humains et cela sur tous les continents et les océans. Ils constatent que les CC (changements climatiques) se produisent plus rapidement et avec une intensité plus forte que les prévisions initiales. À plusieurs reprises, le rapport souligne que ce sont les populations pauvres des pays du Sud qui subiront les impacts les plus forts du CC 1, et qu’ils vont s’aggraver au XXIe siècle.

Selon le GIEC, la probabilité d’impacts graves, étendus et irréversibles s’accroît avec l’intensification du réchauffement, et nous sommes sur une trajectoire de hausse de 4° d’ici 2100 (par rapport au niveau préindustriel).

Nous devrons faire face à des problèmes d’insécurité alimentaire, d’accès à l’eau, de déplacements de population, de risques de conflits, et de l’avis de Vicente Barros, coprésident, dans de nombreux cas, nous ne sommes pas préparés à ces risques.

Du fait des CC, la croissance économique sera ralentie, et la pauvreté se développera notamment dans les pays du Sud. Aussi ce rapport, le plus alarmiste qu’ait publié le GIEC à ce jour affirme avec force que la nécessité d’agir “à court terme” est toujours plus pressante.

Recul des ressources alimentaires et de l’eau

Dans de nombreuses régions du monde, du fait du réchauffement, de la fonte des neiges et glaciers, le régime des précipitations est bouleversé, et nous oscillons de la sécheresse aux inondations, incendies. Cela affectera (et affecte déjà 2) directement l’agriculture, et certaines cultures de première importance en matière d’alimentation telles le blé, le riz et le maïs verront leurs rendements régresser. Les rendements de blé dans certaines régions d’Europe pourraient même baisser de 20 % d’ici 2030 !

Alors que la demande alimentaire mondiale augmentera au XXIe siècle, nous rencontrerons des problèmes d’approvisionnement, ainsi que des tensions sur les prix, qui affecteront notamment les populations pauvres, et pourraient créer des risques de conflits violents. Les régions tropicales telles l’Afrique, l’Asie, l’Australie seront particulièrement touchées par la pénurie d’eau et la sécheresse. D’autres pays seront également touchés, tels les pays d’Europe du sud touchant la Méditerranée, ainsi que l’Amérique du Nord.

Les CC vont également diminuer la production globale de poissons (du fait de la baisse de production de phytoplancton). Cela modifiera la répartition géographique des stocks de poissons, qui devraient régresser très fortement en zone tropicale dès 2050.

Plus de conflits et d’insécurité

L’aggravation des événements climatiques extrêmes, tels que les inondations des zones côtières, les sécheresses et les vagues de chaleur, vont conduire à une augmentation des déplacements de population. De même du fait de la baisse des ressources alimentaires et en eau, du développement de poches de pauvreté, des migrations accrues, le CC va contribuer à l’augmentation des risques de conflits violents.

Événements extrêmes pour tous

En Europe, l’aggravation des inondations provoquera des dégâts sur nos infrastructures et les vagues de chaleur affecteront la santé des populations 3.

En Asie, inondations et vagues de chaleur risquent de provoquer d’importants déplacements de population 4.

L’Amérique du Nord va être touchée par davantage d’événements extrêmes (chaleur, inondations côtières, incendies).

L’Amérique latine sera confrontée à la problématique de l’accès à l’eau. Les régions polaires et les îles seront particulièrement affectées par un climat plus chaud, via la fonte accélérée des glaciers et la montée du niveau des océans.

Inondations et érosion des côtes

Selon le Giec, ces phénomènes vont de plus en plus affecter les zones côtières et basses terres en raison de l’élévation du niveau de la mer.

La population et les biens exposés vont significativement augmenter à cause de la croissance démographique et de l’urbanisation.

Problèmes sanitaires

Nous devrions assister à une augmentation des problèmes de santé dans de nombreuses régions, spécialement les pays en développement (accroissement des vagues de chaleur intenses, mauvaise nutrition ou encore maladies liées à la contamination de l’eau ou de la nourriture).

S’agissant de l’Afrique, une modification de la géographie des maladies devrait apparaître, liée aux changements du régime des pluies et des températures.

Des risques accrus d’extinction des espèces

Ces risques concernent de nombreuses espèces terrestres et marines, dont une quantité non négligeable ne sera pas capable de se déplacer suffisamment rapidement pour trouver des climats plus adaptés à leurs conditions de vie.

Des écosystèmes marins cruciaux, comme ceux des pôles et les barrières de corail 5, sont particulièrement exposés avec l’acidification des océans.

Une hausse de la mortalité des arbres pourrait survenir dans de nombreuses régions.

Propositions d’adaptation

Le GIEC présente une série de mesures d’adaptation à une planète plus chaude : • l’installation de systèmes d’alertes, d’abris contre les cyclones et inondations, la protection des mangroves pour épargner les côtes, l’amélioration du stockage de l’eau et des techniques d’irrigation ; • la création de nouvelles pratiques agricoles, de meilleurs programmes de vaccination ; la création de zones protégées et l’identification de groupes vulnérables ; la diversification de l’économie.

Mais pour Chris Field, coauteur du rapport, «  à des niveaux élevés de réchauffement dus à la croissance continue des émissions de gaz à effet de serre, les risques seront difficiles à gérer et même des investissements importants et continus dans l’adaptation montreront leurs limites. »

Mes commentaires et analyses

Un rapport allégé, destiné à ne pas effrayer

Ce rapport de 44 pages constitue un document officiel à destination des états, qui fait une synthèse d’études scientifiques importantes, et dont le document initial fait près de 2 000 pages.

Toutefois ce rapport est coproduit lors d’une réunion de travail entre scientifiques et représentants des États. Or nombre d’États 6 ne veulent pas s’investir dans une véritable lutte contre les changements climatiques et traînent les pieds. Aussi certains ont-ils pesé de tout leur poids afin de rendre ce document politiquement correct, en minimisant ou passant sous silence des éléments, passages particulièrement graves.

Ne manquez pas de voir à ce sujet, l’article très intéressant d’Actu-Environnement : http://www.actu-environnement.com/a...

On peut reprocher à ce rapport qu’un certain nombre de faits déjà connus (les tendances constatées ne datent pas d’aujourd’hui) ne soient pas davantage précisés, comme s’ils étaient mineurs et facilement gérables.

Par contre un certain nombre de problèmes, tels la fonte des calottes glaciaires, la déforestation sont relativement passés sous silence, alors que ce sont des éléments dont les effets sur le climat et/ou la biodiversité sont considérables.

De même, un graphique montrant les effets attendus du réchauffement climatique devait figurer avec deux barres horizontales indiquant les seuils de + 2° et + 4°. Ces barres ont été supprimées rendant du coup moins visible les impacts attendus.

Allons nous sortir du syndrome du consentement ?

La fabrication du consentement est l’œuvre majeure d’Edward Bernays, un lobbyiste américain parmi les pionniers. Ainsi, dans son livre “Propaganda”, il déclarait : « La manipulation scientifique de l’opinion est nécessaire pour dépasser le chaos et les désordres sociaux.  » « La manipulation consciente et intelligente des habitudes et des opinions organisées des masses représente un élément important dans une société démocratique. Ceux qui contrôlent ce mécanisme social constituent un gouvernement invisible - le véritable pouvoir dirigeant de notre pays. »

Après 60 ans d’application de ce régime, nos sociétés sont sous contrôle des spécialistes en communication et des lobbies qui noyautent toutes les instances décisionnelles et politiques.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, alors que nous avons survécu aux dernières glaciations, aux épidémies, nous risquons de disparaître du fait de notre pression bien supérieure à ce que notre terre peut supporter 7.

Allons-nous rester anesthésiés, à accepter l’insoutenable, à regarder ces perturbations climatiques désormais permanentes, de plus en plus intenses et aux impacts de plus en plus graves ? Allons nous rester sans réagir, alors que nous sommes près de mille fois plus nombreux que ceux qui nous dirigent et nous manipulent ?

Nous avons ce pouvoir d’agir, mais il n’est plus temps de traîner, car notre maison brûle ! A.V.

1 Rien que la Chine et l’Inde pèsent à eux deux près du 1/3 de la population mondiale avec plus de 2 milliards d’habitants. 2 Au niveau mondial, le rendement du blé a perdu un peu plus de 5 % entre 1980 et 2010 et la demande mondiale d’ici 2050 augmentera de 14%. 3 Pour mémoire, la canicule de 2003 a provoqué 70 000 morts en Europe. 4 Selon la banque mondiale (juin 2011), Un milliard de personnes vivent dans des zones hautement menacées par le réchauffement climatique. 5 Alors que les massifs coralliens ne représentent que 1% des écosystèmes marins, ils accueillent 25% de la biodiversité marine et nourrissent en poissons près de 500 millions de personnes. 6 Exemple : Il y a, à Washington, 2340 lobbyistes opposés à toute action sur le changement climatique, financés par 770 entreprises. source : Rajendra Pachauri, president du GIECLe Monde du 20/07/2011 7 Voir le site web : Global Footprint Network : http://www.footprintnetwork.org/fr/...

 
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