Difficile de se faire entendre
À la suite du Grenelle de l’environnement, nous avions quelques espoirs d’être davantage entendus par les pouvoirs publics, voire de co-construire certaines politiques publiques avec les services de l’État ou les grandes collectivités. Force est de constater que notre voix n’est pas toujours prise en considération. En matière de réalisation de documents réglementaires, nous sommes même sciemment écartés du jeu. L’exemple de l’élaboration des PPRT en est une parfaite illustration : ces plans de prévention des risques technologiques sont définis pour l’essentiel entre les industriels à la source du risque et les services de l’État (la DREAL) et nous n’avons quasiment pas voix au chapitre, en tout cas nos préconisations ne sont jamais retenues dans les documents officiels. Le schéma est le même pour la conception des PPRL, ces plans de prévention des risques littoraux pensés par l’État, où là encore l’avis des associations agréées pour la protection de l’environnement ne semble destiné qu’au classement vertical ! On ne s’étonnera pas ensuite de la façon dont ces documents sont reçus par la population : à Gravelines, une réunion d’information a failli tourner au pugilat ! Dans les campagnes non plus, nous ne sommes pas entendus. Nous dénonçons un modèle d’élevage intensif qui nuit à l’environnement, au bien-être animal et à la santé des consommateurs ; pourtant les autorités continuent de promouvoir cette manière de produire. À l’échelle européenne, nous avons rejoint les millions de citoyens opposés à la signature des grands marchés transatlantiques que sont les TAFTA et CETA, sans trop d’écoute de nos décideurs qui s’obstinent à vouloir continuer les négociations. Au sein de la Commission européenne, les lobbies industriels sont davantage écoutés que les ONG. Localement aussi, il semble que nos positions restent lettre morte. En matière d’aménagement du territoire, les élus locaux persistent à artificialiser les terres pour des projets de centres commerciaux comme au Faubourg de Cassel, aux portes de Bergues. Côté développement économique, notre littoral continue d’accueillir des usines retraitant des produits dangereux, sous le prétexte fallacieux d’économie circulaire comme pour le projet Indachlore. À propos des importations de gaz de schiste en France, notamment par le terminal méthanier de Dunkerque, la ministre de l’environnement Ségolène Royal clame partout qu’elle n’y est pas favorable et qu’elle sera vigilante sur ce sujet, ça tombe bien nous aussi ! Parlera-t-on cette fois d’une même voix ?
Nicolas Fournier